Breaking Points (Points de fracture), Concert interdisciplinaire

Conception: Midori Seiler & Malika Kishino
Violon baroque et lecture: Midori Seiler
Composition contemporaine: Malika Kishino
Mise en scène et sélection des textes: Dominique de Rivaz
Lumière et conseiller mise en scène: Dominique Dardant
Scénographie: Anne Ramseyer Duplain
Costume: Emma de Grussa
Une production de ZAMUS: UNLIMITED | 2024

U’ont en commun une blogueuse du 11ème siècle, la belle-sœur de Louis XIV, une compositrice contemporaine et Midori Seiler?

Des ruptures biographiques, des ruptures entre les temps, les lieux et les genres. Au 10ème siècle, la dame de cour japonaise Sei Shōnagon a écrit son célèbre “Livre d’oreiller”, rempli d’observations de la nature, qui a inspiré la compositrice Malika Kishino (*1971) à créer la composition “Neige, Lune, Vent et Fleurs”. Ce travail a été spécialement dédié à la violoniste Midori Seiler, issue d’un foyer germano-japonais. Seiler confronte son interprétation avec les fantaisies pour violon de Georg Philipp Telemann et récite des passages du texte original de Sei Shōnagon.

Le tout a été mis en scène par la réalisatrice et auteure Dominique de Rivaz et l’artiste lumière Dominique Dardant, notamment avec des costumes d’Emma de Grussa.

“La compositrice Malika Kishino et moi-même sommes intimement familières du thème de la migration, ainsi que de ses répercussions sociales, économiques et surtout, existentielles. Les tensions entre le lieu d’origine et le choix librement consenti d’une vie à l’étranger, notamment lorsque de profondes différences culturelles existent entre ces deux pays, offre par ailleurs un bel espace à un repositionnement subjectif et donc, créatif.

Malika a grandi à Kyoto en tant que fille du responsable d’un temple bouddhiste. Elle a suivi des études de droit avant d’opter pour la composition de musique contemporaine et de partir étudier en France. Moi-même, Midori Seiler, je connais aussi bien les aspects extérieurs de la migration, ma famille ayant émigré du Japon vers l’Autriche, que le champ de tensions intérieures qu’elle provoque, et ce jusque dans les gènes, étant née d’une mère japonaise et d’un père allemand.

C’est cet espace intérieur que nous explorons dans cette mise en scène. Par ce concert-lecture, nous souhaitons nous adresser aussi bien aux amateurs de musique ancienne que de musique contemporaine. Sa thématique interculturelle devrait attirer également les personnes ayant des affinités avec l’Asie et les extraits littéraires choisis, quant à eux, offriront à la soirée cette dimension linguistique qui est la nôtre, entre la langue japonaise et allemande.”

Midori Seiler

© Sophie Hegewald | © Anne Ramseyer Duplain | © Malika Kishino

Musique:
• Quatre fantaisies de Georg Philipp Telemann pour violon solo
• Cinq pièces contemporaines de Malika Kishino pour violon solo

© Sophie Hegewald | © Anne Ramseyer Duplain |

Extraits lus:
• Notes sous l’oreiller de Sei Shonagon (966-1017)

Sei Shonagon (966-1017) occupa une position aussi proche du centre du pouvoir que Liselotte auprès du Roi-Soleil, en tant que dame de compagnie impériale auprès de la princesse japonaise Sadako.
Aujourd’hui, on qualifierait de blog ses notes de chevet, éditées depuis en un livre et conservées alors à l’intérieur de son oreiller : poèmes, descriptions de scènes de cour, on-dit, histoires d’amour intimes, énumérations telles « ce qui fait battre le cœur plus vite » ou « les choses qui ont perdu leur pouvoir »…
Au grand étonnement du lecteur, l’auteure de ces réflexions s’incarne dans notre présent alors qu’elle vécut il y a de cela mille ans.

© Sophie Hegewald | © Anne Ramseyer Duplain |

Extraits lus:
• Correspondance d’Elisabeth-Charlotte de Bavière (1652-1722)

Élisabeth-Charlotte de Bavière, Princesse palatine, épouse en 1671 Monsieur, le frère du roi Louis XIV. Exilée, elle passe quatre décennies à la cour de France où elle rédige près de 60’000 lettres dont un dixième est aujourd’hui conservé.
Ces lettres dressent un portrait critique et très nuancé de la cour du Roi-Soleil ainsi que des tensions dues à sa nature allemande (attachée à la simplicité et à la droiture) dans un environnement décadent riche en intrigues. La précision et la finesse linguistique de ses lettres laissent transparaître l’esprit d’une femme d’une grande sensibilité et d’une grande intelligence.
Élisabeth-Charlotte de Bavière était aussi instruite et cultivée qu’une princesse pouvait l’être sans jamais tomber dans le ridicule.

© Sophie Hegewald | © Anne Ramseyer Duplain |

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